
Je ne parlerai pas ici de l’introduction générale sur les 24 Jie Qi que vous pourrez retrouver ici, mais uniquement du Jie Qi qui nous intéresse aujourd’hui, à savoir Pluie pour le grain Gu Yu 谷雨 qui démarre demain, le 20 avril, et qui durera jusqu’au 4 mai inclus (le Début de l’été prenant la relève à partir du 5 mai).
Sixième des 24 termes solaires du calendrier traditionnel chinois
Gu Yu, littéralement « Pluie pour le Grain », est le dernier nœud solaire du printemps. Il se produit lorsque le Soleil atteint 30° de longitude écliptique, aux alentours du 19 au 21 avril. C’est une phase charnière où la pluie devient bénédiction, apportant à la terre l’eau nécessaire à la germination et à la croissance des cultures. À travers les âges, cette période a symbolisé l’union féconde du Ciel et de la Terre : les semences reçoivent enfin l’humidité qui leur permet de s’enraciner, s’élancer, et promettre l’abondance à venir.
Que représente Gu Yu dans les 24 Jie Qi ?
Gu Yu est le sixième terme solaire et clôt la saison printanière. Il marque l’apogée du yang printanier, juste avant la bascule vers l’été (Li Xia). C’est un moment de dynamisme intense, d’ouverture du cycle végétal, où l’élan vital s’exprime dans la matière. Les précipitations sont fréquentes, mais bénéfiques : elles incarnent le soutien céleste à l’œuvre terrestre. Le climat devient plus humide, les journées s’allongent, et la végétation pousse à vue d’œil.
Rituels, coutumes et pratiques ancestrales
- Observation des précipitations
Dans les communautés agricoles traditionnelles, les pluies de Gu Yu étaient surveillées de près : elles déterminaient la qualité des récoltes à venir. Le rythme, l’intensité et la durée des pluies influençaient les semis de riz, de blé ou de haricots. - Rituels d’appel à la pluie
Dans certaines régions, on organisait des cérémonies dirigées par les anciens ou des chamans locaux pour invoquer des pluies bienfaisantes, accompagnées de danses, de tambours et d’offrandes. - Préparation des semences
Les paysans profitaient de cette période pour mettre en terre le maïs, les pois, les légumes d’été. C’est un temps de travail physique, mais aussi de foi en la fertilité à venir. - Saveurs printanières
Le pourpier, le céleri sauvage, ou la fougère comestible faisaient partie des plantes de saison consommées à cette période. On préparait également des tisanes à base d’herbes fraîches pour purifier et hydrater l’organisme.
Feng Shui & métaphysique : cultiver la fluidité
Activation du secteur Sud-Est (élément Bois/Eau)
Pour soutenir l’énergie de croissance et d’abondance, placez un petit bassin d’eau propre, une fontaine douce ou un aquarium dans le secteur Sud-Est de votre maison. Cela renforce le lien entre Bois et Eau — les deux éléments maîtres de cette période.
Encens et purification
Le soir de Gu Yu, brûler un peu d’armoise ou de bois de santal permet de purifier l’atmosphère, mais aussi de clarifier vos intentions. Ce rituel symbolise la préparation du « terrain intérieur » avant de semer de nouveaux projets.
Fenêtres ouvertes à l’Est
Capter l’humidité du matin, la lumière douce de l’aube, permet de revitaliser les poumons, le foie et l’esprit. Cela favorise la concentration, la fertilité créative, et l’alignement avec les rythmes naturels.
Médecine traditionnelle chinoise : soutenir le Bois sans nourrir l’Humidité
À cette période, le Foie reste l’organe principal à soutenir, mais l’excès d’humidité peut perturber la Rate et provoquer des stagnations :
- Alimentation drainante : privilégiez les légumes verts à fibres (épinards, céleri, chou frisé), les jeunes pousses, les aliments légèrement acides ou amers.
- Tisanes conseillées : décoctions de pissenlit, d’écorce de prunier ou de plantain pour éliminer l’humidité et réguler le Qi.
- Mouvements doux et fluides : le Qi Gong, le Tai Chi, les étirements au réveil permettent d’activer la circulation, d’assouplir les tendons et d’éviter la léthargie printanière.

Résonance moderne
Aujourd’hui encore, Gu Yu nous enseigne l’art de semer avec sagesse. Dans les villes, les mouvements éco-citoyens organisent des ateliers de création de rain gardens (des jardins de pluie conçus pour récupérer les eaux et préserver la biodiversité). En ligne, les passionnés de permaculture partagent leurs plantations et leurs conseils de saison, réaffirmant le lien entre humanité et climat.
Gu Yu nous rappelle que rien ne pousse sans humidité ni patience.
C’est le moment de nourrir la terre et les intentions, de semer avec clarté, et de faire confiance au rythme du vivant.
Ce que vous plantez aujourd’hui, vous le récolterez demain — pour peu que vous en preniez soin avec constance.
Marc-Olivier RINCHART